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le blog de lu³
26 mars 2015

C'est bientôt la saison des gay prides

Des fois je me demande si j’aurais un jour la possibilité, aux yeux de la société et aux yeux de la loi, d’aimer la personne que je veux sans qu’on vienne me l’interdire, me le réprouver, ou même me regarder de travers.

Il est fatigant de se battre pour faire accepter l’amour, pour demander l’égalité, en particulier lorsque son entourage ne comprend pas, n’accepte pas, ou des fois se résigne à tolérer mais continue d’espérer que l’on puisse continuer à vivre dans la honte et le désespoir, du moment que cela permet de fermer les yeux, de faire l’autruche.

Ils ne comprennent pas l’effort que ça a demandé d’enfin s’accepter, d’enfin accepter l’éventualité d’être aimé par quelqu’un – effort que la plupart n’ont pas encore fait, ou ne feront jamais –, et qu’il est alors intolérable l’idée même de faire marche arrière, de retomber dans la souffrance. Se rendre compte que son entourage espère néanmoins ce retour en arrière, provoque un intense sentiment de solitude, voire d’abandon.

Comment se confier à ceux qui sont censés vous soutenir s’ils préfèrent leur petite vie tranquille, quitte à ce que vous viviez malheureux et dans le mensonge ? Souvent, la culpabilité prend alors le relai, le sentiment d’être à l’origine de tous les problèmes, de tous les conflits, que toute la situation aurait été plus simple, plus agréable si on avait réussi à se forcer, réussi à être comme tout le monde. Alors, conscient qu’il sera impossible de changer, on en vient à regretter d’être venu au monde, à souhaiter parfois une fin rapide à toute cette noirceur environnante, débordant de tous côtés de notre esprit.

Et puis parfois, l’entourage change. Fini par accepter, par comprendre, par s’excuser et par soutenir.

Parfois ce n’est pas le cas, alors en attendant, dans l’espoir vacillant, on s’éloigne pour arrêter de souffrir. On tente de trouver d’autres soutiens, d’autres personnes dans la même situation et on s’attache à eux.

Alors conscients de ne pas être seuls, on finit par se révolter. Toute la colère accumulée jusque-là appelle au changement, réclame un arrêt de la souffrance. Pour soi, pour les autres.

On essaye d’aider les autres, pour qu’ils ressentent un peu moins la souffrance qu’on a soi-même ressenti. On essaye de se battre, de faire avancer les choses, avancer les droits, avancer les mentalités. On appelle à la révolte et on veut faire prendre conscience à tout le monde de l’injustice de la situation, de toute la souffrance qui en résulte.

De temps en temps, on sonde l’entourage désormais éloigné pour voir si les avis ont changé, et parfois on se heurte au même désintérêt, à la même volonté de garder les yeux désespérément fermés, de ne surtout pas regarder la réalité en face, de vouloir continuer à vivre sa petite vie tranquille en se bouchant les oreilles à tous les appels au secours, à toutes les vaines tentatives de communication.

Alors on perd espoir, on se laisse vivre sans but, sans motivation, en se demandant à quoi tout cela rime. On ne s’étonne même plus du mutisme ambiant du monde environnant et on finit par se demander s’il était vraiment utile de s’être battu jusque-là.

On perd espoir en la cause, vu que ça n’a l’air de préoccuper personne, de ne concerner personne. Mais on finit par se rappeler de toutes les moqueries subies au quotidien. De tous les commentaires haineux qu’on lit et qu’on entend partout autour de soi. De tous ceux qui ont souffert de ces commentaires, de cette situation. De tous ceux qui se sont déjà fait tabassés par les auteurs de ces commentaires. De ceux qui ont fini à l’hôpital. De ceux qui, découragés, se sont donné la mort en guise de salut dérisoire.

Et pour tous ceux-là, on s’oblige à continuer de se battre, pour enrayer la machine, pour gagner du terrain sur la haine et l’intolérance, pour faire reculer un peu la souffrance, qui devient alors le moteur du combat. On reprend un peu espoir, et on recommence à hurler son mécontentement.

Des fois, j’aimerais cependant juste pouvoir aimer librement la personne que j’aime.

 

marseille-kiss

 

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Commentaires
J
Bonjour, je pensais être ouvert et attentif à ce sujet. Je viens de découvrir les difficultés au quotidien, le mal être que cela peut générer. <br /> <br /> Et pour répondre à ta question, oui tu as le droit d'aimer comme tout un chacun et hélas il faut faire avec les arriérés, les oeillères et les cons. Vivre comme on l'entend sans se soucier des autres : facile à dire - mais quoi faire d'autres ?<br /> <br /> Je te souhaite tout le bonheur. <br /> <br /> PS : superbe photo
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